Valeurs et principes communs des parties concernant les missions RDR

Checklabs est mis en œuvre avec une approche global commune basée sur la compréhension des risques, qui s’envisagent globalement en termes de répercussions sanitaires, sociales et économiques et prennent en compte l’impact de l’usage des drogues sur les individus et la communauté.

Elle s’appuie sur des principes importants :

La politique de réduction des risques et des dommages, telle que définie par l’article L3411-8 du Code de la Santé publique « vise à prévenir les dommages sanitaires, psychologiques, et sociaux, la transmission des infections et la mortalité par surdose liés à la consommation de substances psycho-actives ou classés comme stupéfiants ».

Elle est déclinée en action visant à :

« 1/ Délivrer des informations sur les risques et les dommages associés à la consommation de
substances psychoactives ou classées comme stupéfiants;
2/ Orienter les usagers de drogue vers les services sociaux et les services de soins généraux
ou de soins spécialisés afin de mettre en oeuvre un parcours de santé adapté à leur situation spécifique et d’améliorer leur état de santé physique et psychique et leur insertion sociale;
3/ Promouvoir et distribuer des matériels et produits de santé destinés à la réduction des risques;
4/ Promouvoir et superviser les comportements, les gestes et les procédures de prévention des risques. La supervision consiste à mettre en garde les usagers contre les pratiques à risques, à les accompagner et à leur prodiguer des conseils relatifs aux modalités de consommation des substances mentionnées en 1 afin de prévenir ou de réduire les risques de transmission des infection et les autres complications sanitaires. Elle ne comporte aucune participation active aux gestes de consommation;
5/ Participer à l’analyse, à la veille et à l’information, à destination des pouvoirs publics et des usagers sur la composition, sur les usages en matière de transformation et de consommation et sur la dangerosité des substances consommées »

Elle vise à court terme à prévenir et à réduire les effets associés à l’usage de drogues et aux comportements addictifs d’usagers, de leurs proches, leur entourage et la société dans son ensemble. Elle concerne tous les usages qu’ils soient ponctuels, récréatifs ou nocifs. Elle concerne toutes les personnes qui sont dans une consommation y compris les primo consommateurs.

Les stratégies de réduction des risques et des dommages s’adressent à toutes les personnes concernées (usager, entourage), et les rencontrent « là où ils en sont » portant sur les conditions d’usage comme l’usage lui-même.

Parce que ces stratégies exigent que les interventions et les politiques doivent être le reflet des attentes & besoins de chaque personne individuellement et des besoins de l’ensemble de la communauté, il ne peut pas y avoir une définition universelle ou une forme unique de mise en œuvre.

La réduction des risques et des dommages repose sur :

• Une démarche de proximité (outreach ) fondée sur deux modes d’intervention :
o Aller vers les personnes et les prendre là où elles en sont dans leur parcours de consommation (équipes mobiles, travail de rue, intervention en milieux festifs)
o Accueillir sans préalable, sans jugement moral et sans exigence par rapport aux consommations ou à une démarche de soins
• La reconnaissance des savoirs, compétences et participation des usagers. Elle se déclin de diverses manières (pairs-relais, travailleurs-pairs, éducation par les pairs…), sous diverses dénominations (auto-support, empowerment…). Elle repose :
o au niveau individuel sur la capacité des usagers à comprendre, gérer, agir pour modifier leur comportement et diminuer les risques. Les usagers de « drogues » ont la capacité de protéger leur santé et de modifier leurs comportements à risques si on leur en donne les moyens
o au niveau collectif, sur l’implication des personnes afin qu’elles puissent agir sur les déterminants de santé et leur qualité de vie dans un groupe (éducation par les pairs, groupes d’auto-support, santé communautaire). Elle reconnait une expertise aux usagers de drogues de par leur connaissance des pratiques d’usage et des scènes de consommation, et par leur capacité à définir et à relayer les nouvelles pratiques. .

La méthodologie d’intervention reconnaît la non-linéarité des trajectoires et repose sur :
• une connaissance précise des risques et des dommages liés à l’usage et des outils existants pour y remédier
• la prise en compte de l’expertise issue de l’expérience personnelle de l’usager
• la compréhension du processus de changement. Tout changement peut être positif dans la vie d’une personne (principe cumulatif). Les interventions sont basées sur le volontariat plutôt que sur la contrainte et sont conçues pour répondre aux besoins de la personne, quel que soit son choix de vie.
• une évaluation de l’urgence de l’action
• le développement des réseaux afin de favoriser l’accès aux soins, la coordination, la continuité des soins et l’interdisciplinarité des prises en charge

[1] JAUFFRET-ROUSTIDE M. Les drogues : approche sociologique, économique et politique. La documentation française, 2004

[1] JAUFFRET-ROUSTIDE M. Self support for drug users in the contexte of harm reduction policy : a lay expertise defined by drug user’s life skills and citizenshipp, Health sociology Review, 18

[1] MOREL A, CHAPPARD P, COUTERON JP L’aide mémoire de la réduction des risques en addictologie, Paris, DUNOD, 2008